Le 27 novembre dernier, plus de 220 cadres et professionnels se sont réunis pour assister à la 20e conférence annuelle de l’ACPUM intitulée L’art de la reconnaissance présentée par le Dr Serge Marquis.

D’entrée de jeu, le Dr Marquis a souligné que le concept de la reconnaissance est plus complexe que l’on pourrait imaginer. En effet, après avoir reçu en consultation de nombreux patients épuisés et lassés de leur vie professionnelle, et après plusieurs années de questionnements, de recherches et de réflexions, il fait le constat que la reconnaissance pourrait être la solution à la motivation et qu’elle pourrait redonner la flamme perdue à ses patients.

Le Dr Marquis a tenu à préciser que l’enseignement qu’il s’apprêtait à partager avec l’auditoire ne repose pas sur une théorie spécifique, mais plutôt sur le cumul d’expériences professionnelles et personnelles qui forgent ses croyances. Il nous en fait part en espérant que cela puisse permettre à chacun de les aider dans leur propre cheminement.

L’auteur a également souligné, en préambule, que nous possédons tous en nous, enfouies, les connaissances fondamentales abordées durant la conférence. Celles-ci sont parfois dormantes en nous, mais il suffit de se pencher avec attention sur la question de la reconnaissance pour y avoir accès.

Voici donc le résumé des points abordés.

Réfléchir à la reconnaissance est vitale pour une organisation

Plusieurs raisons justifient de s’arrêter pour réfléchir à la reconnaissance aujourd’hui :

  • les gens sont de plus en plus instruits. Ils veulent participer, contribuer à leur travail et aux décisions qui les concernent;
  • les gens sont de plus en plus informés. Ils exercent donc davantage leur jugement et leur capacité d’abstraction; 
  • les gens veulent maintenant s’accomplir et non accomplir un « devoir »;
  • les gens ne sont plus régis par l’obéissance et sont davantage dans l’affirmation de soi;
  • actuellement, 70 à 80 % des prestations d’invalidité longue durée dans les lieux de travail sont associées à des troubles psychiques; 
  • la problématique du présentéisme est très fréquente de nos jours. Les gens sont présents au travail, mais n’ayant pas envie d’y être, ils ne s’impliquent plus;
  • souvent par peur, nous ne rendons pas toujours à chacun le respect qu’il mérite. Par dignité humaine, n’attendons pas qu’il soit trop tard.

Le mythe de l’expression « personne n’est irremplaçable »

De nos jours, cette expression ne s’applique plus. Désormais, 75 % des emplois obligent à la réflexion, comparativement à autrefois où le travail était principalement physique, requérant peu d’aptitudes intellectuelles et de connaissances. En conséquence, certains éléments sont maintenant essentiels pour effectuer un travail aujourd’hui :

  • des connaissances, ainsi que les efforts et la capacité à les acquérir;
  • du jugement, qu’on développe à travers nos erreurs et notre vie;
  • de l’intuition et de l’instinct qu’on développe au fil du temps et des expériences;
  • la capacité de réseauter et de tisser des relations qui pourront éventuellement être utiles.

Le piège de l’usure

À un certain moment, lorsqu’on commence à tenir les autres pour acquis, on arrête de leur exprimer de la reconnaissance. C’est le piège de l’usure, de l’habitude qui s’installe et de la perte de sens. Afin d’éviter ce piège, il est important de ne jamais tenir les gens pour acquis et de toujours leur accorder un minimum d’attention. Il est toutefois important de ne pas mélanger la reconnaissance avec la flatterie, cette dernière reconnaissant l’ego, plutôt que l’être.

Les principes de la reconnaissance

Le Dr Marquis identifie six principes pour faire apparaître ou entretenir la reconnaissance :

  • elle doit toujours être précédée d’un minimum d’attention. La qualité de l’attention constitue le degré le plus élevé de reconnaissance qu’un être humain peut apporter à un autre;
  • elle doit toujours être accompagnée d’une qualité et être authentique;
  • elle n’appartient à personne en particulier. Tout le monde peut reconnaître son prochain, peu importe la hiérarchie;  
  • elle est un cadeau lorsqu’elle est offerte, mais s’avère être un piège lorsqu’elle est exigée. Ce n’est pas parce qu’elle est réclamée qu’elle sera offerte. L’exigence ouvre donc une porte à la souffrance;
  • elle doit toujours être gratuite;
  • elle apporte autant à la personne qui l’offre, qu’à la personne qui la reçoit;
  • La reconnaissance permet de retrouver un sens à son travail, un sentiment d’appartenance et évite le piège de l’usure, de l’habitude.

Les espaces où explorer la reconnaissance

Par ailleurs, certains éléments peuvent rendre difficile la reconnaissance de son prochain :

  • nos croyances;
  • nos peurs;
  • notre rapport au temps (sentiment d’urgence, d’impatience).

Il faut donc examiner nos croyances limitantes, avoir l’audace de poser des gestes et d’améliorer notre vigilance et notre conscience de l’instant présent.

En conclusion, la reconnaissance n’est pas seulement applicable au travail, mais bien dans toutes les sphères de notre vie. Elle est importante et le sort du monde en dépend, surtout dans le monde dans lequel on vit présentement. Le Dr Marquis nous invite donc à user de notre pouvoir de reconnaître, sans rien attendre en retour.